News du 27/03/2013 10:19

« Les Français paient tous les ans 1,5 milliard 

de trop pour leurs lunettes », selon Marc 

Simoncini de Sensee.com
Marc Simoncini fait feu de tout bois. Aujourd'hui, le créateur de Sensee attaque médiatiquement le marché de l'optique et ses grandes sociétés. Ce matin sur Europe 1, il promet de « diviser par deux le prix des lunettes d'ici à 2020, dans un secteur où l'équipement optique coûte trop cher » : « 290€ en moyenne et 589€ pour une paire de progressifs », souligne le journaliste Bruce Toussaint. Le fondateur de Meetic explique avoir fait mener une étude, par la société Altermind et aux économistes David Martimort et Jerôme Pouyet, sur l'optique en France : « 6 acteurs se partagent un marché de 5,5 milliards. Les Français paient tous les ans 1,5 milliard d'euros de trop pour leurs lunettes. Une ouverture du marché entraînerait entre 330 millions d'euros et 1,5 milliard d'économies pour les consommateurs ».

Par ailleurs dans des articles publiés sur lefigaro.fr et nouvelobs.com, Marc Simoncini n'hésite pas à attaquer Essilor, « le leader mondial des verres ophtalmologiques qui empêche l'arrivée de nouveaux entrants qui pourraient baisser les prix ». Il affirme qu'en France «le prix en boutique des verres est en moyenne égal à 6 fois leur coût de fabrication, et parfois à 50 fois, alors que le multiple courant dans la distribution est généralement de 2 à 3 ». Ainsi avec son site de vente en ligne, Marc Simoncini pense être en mesure de changer les règles du jeu en divisant les prix par deux. Mais « Essilor refuse de nous vendre ses verres de marque au motif, je suppose, que ce canal de distribution fragiliserait ses relations avec ses distributeurs en magasin, explique-t-il à nos confrères. Sensee perd un argument de vente capital pour convaincre les consommateurs de la qualité des lunettes vendues en ligne à un prix très inférieur. Nous sommes pénalisés car nous ne pouvons pas dire que nous vendons « les mêmes » verres que les opticiens en magasin », estime-t-il. 

Cependant, le cyberopticien ne perd pas espoir. Pour lui, « Internet est un secteur qui a pu attaquer des marchés monopolistiques et qui est arrivé à rendre le pouvoir d'achat aux gens. Aujourd'hui je pense que c'est au tour de l'optique sachant que la France est une anomalie dans le paysage européen ». 


News du 27/03/2013 15:15

Marc Simoncini oublie certains 

paramètres essentiels dans son 

analyse du marché
Marc Simoncini fait parler de lui dans tous les médias en attaquant le marché de l'optique. Près de deux ans après son arrivée sur le secteur, Sensee.com peine toujours à se lancer dans la vente de lunettes en ligne. Les résultats ne sont pas à la hauteur des investissements et de ceux de ses partenaires. L'activité optique du site serait même en sommeil. Marc Simoncini aurait en effet mis un frein sur les financements, au moins publicitaires.

Si le célèbre créateur de Meetic.fr et les auteurs du rapport de la société Altermind donnent beaucoup de chiffres, ils en oublient certaines réalités. En France, les équipements sont plus chers qu'ailleurs en Europe, mais il y a des explications concrètes. Selon Bien Vu et l'Institut SWV, dans l'Observatoire du marché 2012 : 
- Nous vendons plus de progressifs : 10% de plus qu'en Grande-Bretagne et 16% de plus qu'en Italie, d'où un prix moyen de vente plus élevé dans l'hexagone.
- C'est aussi en France que nous vendons le plus de traitements, comme les antireflets pour une meilleure qualité de vision, ou la protection UV en face avant et face arrière qui a pour effet de retarder de 6 ans l'apparition de la cataracte. N'est-ce-pas là un coût en moins pour la Sécurité sociale ?
- On oublie également bien souvent le poids de la TVA, par exemple sur les verres, qui est de 19,6% en France, 10% en Espagne et seulement de 4% en Italie. 


Selon le baromètre Bien Vu / Gallileo Business Consulting, un équipement moyen pour des unifocaux coûte de 278 euros* renouvelé en moyenne tous les 2,4 ans et 568 euros* pour une paire de progressifs tous les 3,5 ans. Cela représente 0,32 centimes d'euro par jour dépensés pour la santé visuelle, 0,44 centimes pour les presbytes. Comparé avec d'autres domaines :
- en moyenne un fumeur consomme 15 cigarettes par jour et dépense quotidiennement 4,50 euros (source : libre-sans-tabac.fr),
- les abonnements pour mobiles, télévisions et Internet coûtent 3,67 euros par jour en moyenne (source : 13ème enquête annuelle Sofinco novembre 2012),
- le prix moyen d'un café en France est de 1,38 euros (Indice Kfé Equip'Hôtel octobre 2012),
- et un abonnement d'un an à Meetic.fr revient à 0,48 euros par jour. 


Quand Marc Simoncini annonce « un coefficient multiplicateur de 5 au lieu de 2 ou 3 comme il est courant dans la distribution », il oublie volontiers les opérations de transformation du produit avec du matériel de précision à un coût élevé (25 à 30 000 euros HT pour un atelier). D'autre part, dans un autre type de commerce, le vendeur ne passe pas autant de temps avec ses clients. Un opticien consacre en moyenne 167 minutes à chacun d'eux (source Fnof) entre :
- les conseils sur le choix de la monture et sur les verres
- la prise de mesure
- le passage de la commande et la réception
- le montage et la vérification
- la livraison
- l'ajustage
- la partie administrative et la gestion du tiers-payant. 

Retrouvons-nous toutes ces étapes dans la distribution courante comme il le souligne ?

« Modifier les règles du jeu en cassant les prix » reviendrait, de la même façon que pour certains réseaux fermés, à baisser la qualité des produits et des services. Aujourd'hui, il existe déjà des magasins proposant des offres à prix bas, dès 29 euros, donnant accès aux lunettes pour tous avec une prestation appropriée.

Enfin, quand il avance que « si la Sécurité sociale rembourse si peu les lunettes, c'est qu'elle en connaît le vrai prix », il faut noter que les montants de remboursement des équipements optiques ont été revus à la baisse à quatre reprises depuis 1972. Depuis aucun coefficient de valorisation n'a été appliqué compte tenu de l'inflation. 

*données Alcimed pour la Sécurité sociale.