LES RÉSEAUX DE SOIN SONT-ILS BON POUR LA SANTÉ ?
Les Réseaux de soin sont-ils bons pour la santé ?
Depuis la mise en place de la loi Leroux, les mutuelles ont le droit de créer leurs réseaux de soin (optique, dentaire, audio, et maintenant cliniques médicales spécialisées) et peuvent pratiquer un remboursement différencié sur leurs contrats. Cette législation représente, pour nous, une atteinte à la liberté du patient de choisir son soignant. Quant aux réseaux, ils imposent un cahier des charges toujours plus lourd aux professionnels de santé, et s’immiscent dans leur façon d’exercer leur activité, avec un risque sur la qualité des soins prodigués.
Les réseaux de soin, un moyen pour les OCAM et la Sécurité sociale de faire des économies ?
Mais que disent les défenseurs des réseaux ? Dans le secteur de l’optique, leur argument « massue » est la baisse du prix des équipements optiques grâce à des économies de volume, donc des remboursements moins importants, donc des économies pour les mutuelles et la Sécurité sociale. Le prix des lunettes a en effet été tiré vers le bas à cause des contraintes imposées par les réseaux de soin. Mais, les mutuelles et la Sécurité sociale font-elles véritablement des économies grâce aux réseaux?
Un partenariat « gagnant-gagnant », sauf pour les soignants
Dans le milieu de l’optique toujours, on observe :
- une stagnation du prix moyen par équipement
- une baisse des marges des opticiens
- une baisse du chiffre d’affaires par point de vente (-1.3% en 2013 et -2.1% en 2014), principalement à cause de l’augmentation constante du nombre de points de vente.
Donc les opticiens ne bénéficient pas dans l’ensemble de cet accroissement d’activité du secteur (baisse du CA par point de vente et baisse de marges : double peine). Pour un partenariat gagnant-gagnant entre réseau de soin et opticien, on a vu mieux !
Une hausse des dépenses de santé en optique
Mais là où le sujet devient édifiant, c’est que même les OCAM, qui ont créé ces réseaux de soin, ne semblent pas non plus bénéficier des promesses initiales d’économies. En effet :
- Les dépenses d’optique augmentent malgré tout (+30.5% en 10 ans) pour atteindre 6.1 Mds € en 2015
- Pire, le rythme de croissance du marché a augmenté plus vite, à mesure que les réseaux se sont développés (+6.7% de croissance annuelle depuis la Loi Leroux), alors que les réseaux étaient censé être déflationnistes…
- Au vu du désengagement de la Sécurité sociale, la facture pour les OCAM s’élevait en 2015 à 4.4 Mds €, soit près de 13% des cotisations encaissées
Bref, les OCAM ne bénéficient pas des supposées économies que permettent les réseaux, puisqu’en réalité, ces réseaux semblent avoir un effet inflationniste.
Une baisse de la qualité du matériel vendu
Ces chiffres peuvent également nous amener à nous poser la question : mais si les prix des lunettes stagnent, et que le CA global de l’optique augmente autant, c’est que l’on vend beaucoup plus de lunettes ? Pourtant, les besoins des porteurs de lunettes eux, n’ont pas de raison d’évoluer radicalement. Alors pourquoi le taux de renouvellement augmente-t-il tant ? S’il y a probablement de nombreuses raisons pour l’expliquer, il est légitime de penser qu’une baisse de la qualité des équipements peut contribuer à cette tendance (simple à comprendre si l’on prend l’exemple des traitements anti-rayures).
Donc le porteur de lunettes verrait une augmentation du coût de sa complémentaire santé (qui reporte la hausse des remboursements optiques, en payant des taxes par-dessus), perdrait une partie de la liberté de choix de son soignant (il faut aller dans le réseau sous peine d’être moins remboursé), couplé parfois, à une baisse de qualité des équipements qu’il reçoit. On dirait que ce système ne bénéficie donc pas non plus aux patients …
Des réseaux de soin économiquement bons pour personne
En abaissant le prix des lunettes, les réseaux de soin ont donc fait baisser la marge des opticiens, ce qui a impacté la qualité des produits. Cette baisse de qualité a donc engendré une hausse des dépenses en optique, ce qui ne permet pas aux OCAM ainsi qu’à la Sécurité sociale de faire des économies sur ce secteur.
L’exemple que nous venons de prendre peut parfaitement s’appliquer à d’autres secteurs. Il soulève par ailleurs une question de fond : si les réseaux de soins engendrent une hausse des dépenses dans certains domaines, et donc ne sont pas bons économiquement pour les complémentaires santé et la Sécurité sociale, pourquoi continuent-ils à se développer ? Quelle est leur utilité ? Qui en bénéficie ?
Une chose est sûre, ce ne sont ni les soignants, qui voient leurs bénéfices baisser, ni les patients qui, d’une part, n’ont pas accès à la meilleure qualité et d’autre part, perdent la liberté de choisir leurs professionnels de santé, qui bénéficient de ces réseaux de soin.